Crise des réfugiés syriens: Changeons la politique canadienne
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Crise des réfugiés syriens: Changeons la politique canadienne

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La photo d’un jeune Syrien de trois ans, échoué face contre terre sur une plage de Turquie, a brisé des cœurs partout sur la planète la semaine dernière. Plusieurs Canadiens, parents de jeunes enfants ou non, n’ont pu retenir leurs larmes quand l’image est apparue sur leur téléphone ou leur ordinateur, à la maison ou au travail.

Bien que la crise des réfugiés syriens défraie les manchettes depuis un certain temps déjà, cette image insoutenable a mis un visage humain sur la tragédie et a forcé plusieurs d’entre nous à passer à l’action, enfin. Telle est la nature humaine, pour le meilleur et pour le pire.

Les signataires de cette lettre ne sont pas partisans et ne sont pas associés à un quelconque lobby ou groupe d’intérêts. Nous habitons dans différentes provinces et nous prévoyons appuyer différents partis politiques lors de la prochaine élection. Nous ne partageons pas tous les mêmes priorités sociales, politiques ou économiques. Certains d’entre nous sont religieux, d’autres sont athées ou agnostiques. Nos origines ethniques sont très diverses. Certains d’entre nous sont conservateurs, d’autres sont libéraux, et d’autres sont socio-démocrates. Certains d’entre nous souhaiteraient même vivre dans un pays francophone distinct.

Mais aujourd’hui nous sommes unis dans notre désir de voir le Canada agir immédiatement, et de manière décisive, concernant la crise des réfugiés syriens. Nous souhaitons une nouvelle approche, audacieuse et inspirante. Le statu quo n’est plus tolérable.

Nous avons les moyens de le faire. Le Canada est un pays riche, immense, avec une population diverse et une tradition de générosité. Les dernières années ont été particulièrement prospères, permettant au gouvernement fédéral de réduire les impôts et de générer un surplus. Le contexte économique a beau être plus difficile depuis la chute du prix du pétrole, nous demeurons parmi les gens les plus fortunés de la planète. Nous croyons que ce privilège vient avec une responsabilité.

La crise des réfugiés syriens a fait une apparition dans la campagne électorale cette semaine, permettant à chaque parti d’annoncer ou de répéter ses promesses à ce sujet. Certaines sont meilleures que d’autres.

Mais nous ne nous adressons pas aux partis politiques. Nous ne cherchons pas des promesses qui pourront, ou non, être mises en œuvre dans les semaines et les mois qui suivront l’élection du 19 octobre. D’ici là, beaucoup d’autres enfants seront morts à cause de l’inaction des pays développés, incluant le nôtre.

Nous demandons au gouvernement canadien d’agir immédiatement – avant l’élection – et d’annoncer un changement d’approche radical quant à la crise des réfugiés syriens. C’est tout-à-fait possible. Certains pays – comme l’Allemagne et la Suède – le font déjà.

Nous ne voulons pas d’une modification technique à la politique actuelle : nous demandons un changement de paradigme, dicté par la nécessité. Nous souhaitons voir le Canada abandonner sa posture défensive et ouvrir ses frontières à 40, 50 ou 60 000 réfugiés dans la prochaine année, et nous voulons voir notre gouvernement offrir une aide significative à ces personnes. Le parrainage privé n’est pas suffisant. Nous voulons un geste fort, qui permette aux jeunes et moins jeunes Canadiens de marcher la tête haute. Parce que c’est la bonne chose à faire. Parce que nous en avons les moyens. Et parce que nous croyons qu’à terme, nous en serons plus riches.

Notre message à M. Harper est simple : impressionnez-nous. Faites quelque chose qui nous rendra fiers. Quelque chose dont nous nous souviendrons. Quelque chose qui nous détournera du cynisme ambiant et qui démontrera que les politiciens et les campagnes électorales peuvent changer le cours de la vie des gens. Quelque chose qui nous permettra de croire qu’un enfant de trois ans ne s’est pas noyé en vain alors que sa famille essayait de se rendre au Canada. Quelque chose qui montre que nous en avons pris conscience. Que nous avons été touchés. Et que nous avons agi.

(English version here)

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