Remove the term "nigger" from all of Quebec's natural sites
(Texte français suit)
To: Assemblée Nationale
To: Jean-Pierre LeBlanc, Commission de toponymie, Quebec
750, boulevard Charest Est, rez-de-chaussée
Québec (Québec) G1K 9M1
Tel.: 418 643-2817
To: RéJean Major, Mayor of Bouchette, Quebec
On August 8, 2015, CBC published an article about the persistence of Quebec’s natural sites that contain the term “nigger” in their official provincial name.
The article is archived here: http://www.cbc.ca/news/canada/ottawa/quebec-considers-removing-n-word-from-11-place-names-1.3184317
Of note, was the director of Quebec’s Commission de toponymie stating that the office in charge of managing Quebec’s place names, was “considering” removing the word “nigger” and “nègre” from the 11 remaining lakes, rivers, creeks, and rapids that currently bear one of the words as part of their name. Commission de toponymie spokesman Jean-Pierre LeBlanc mentioned that there had been little “public pressure” to change the names and notably, defended that the Nigger Rapids in the town of Bouchette were named to “honor” the “memory of a Black couple who had drowned” in the Rapids in the early 1900’s. This position, as is that of Bouchette Mayor Réjean Major and other citizens defending the use of “nègre” in the names of Quebec’s natural sites, is deeply shameful and simply, ahistoric.
To be certain, the word “nègre” in Quebec is a term, like “nigger,” of debasement for people of African descent. It is offensive in the present; it was offensive in the past. Although some would insist upon the benign etymology of the word “nègre,” this is erroneous, as Quebec’s history tells a different story. The Niger River, near Sherbrooke, a location with a historic concentration of Black people, was officially spelled “Nigger River” until 2006. Additionally, a number of local historians and intellectuals, including Pierre Vallières himself, who popularized the very troubling notion of the Québécois as so-called “nègres blancs,” concur that the most well-known invocation of the word “nègre” in Quebec was, indeed, intended as “nigger.” In the context of these two examples, it is clear that “nègre” and “nigger” are used interchangeably as demeaning and racist descriptors for people of African descent in Quebec. “Nigger River,” thus, was an acceptable official provincial name for years to signify a river whose name is attached to the historicity of Black people that once lived near this natural site. Given Quebec’s long history of anti-Black racism and slavery, it is clear that the sites containing the word “nègre” were intended as terms of debasement. The history of Black slavery and anti-Blackness in Quebec has been well-documented in the work of scholars and historians who study New France and Quebec, including Marcel Trudel, Charmaine Nelson, Sarah-Jane Mathieu, Gina Thésée, Beverley Mullings, June Bertley, Dorothy Williams, Sean Mills, Bruno Cornellier, Darryl Leroux, Brett Rushforth and others too numerous to name.
Québécois officials and commentators have too easily dismissed Quebec’s legacy of racism, colonialism, and white privilege in the name of the dominant group’s historical victimhood at the hand of British colonial institutions. Yet, such history of struggle against British colonialism does not absolve the colonial reality of French presence, then and now, on Indigenous land. Furthermore, this history of struggle against the British can certainly not serve as an alibi to erase Quebec’s long history of anti-black sentiment and discrimination, something that has been too easily and too conveniently imagined to be a problem restricted to the former confederate states. As the American South has recently and dramatically been forced to reckon with the contemporary scars of its violent “past”-- symbols (such as flags and place names) of racial and colonial oppression--, it would be telling if Quebec, in the name of its own righteousness, would refuse to also commit to such a process.
1. We are calling for an immediate removal of the words “nigger” and “nègre” from all of the names and places governed by the Commission de toponymie in Quebec.
2. We are also calling for an official written acknowledgement from the Commission de toponymie on its website that both “nigger” and “nègre” in the context of Quebec’s history, are terms of debasement used, historically and currently, against people of African and Caribbean descent, as well as those who self-identify as Black. The renaming of current sites that bear the words “nigger” or “negre” must reflect the history of the Black Quebecers that were enslaved or lived and died on these sacred natural sites.
3. Finally, importantly, we are insisting that the Rapids currently named, “Nigger Rapids” in Bouchette, be renamed to memorialize the dead—that is, to honor the memory of the Black couple who struggled in this body of water and tragically died there in 1912. We want to know their names, just as we know Cartier, Champlain, etc. as markers for real human beings who lived and died in Quebec, rather than as racial or ethnic slurs. We want the names of these two human beings to be named so that we can carry their memory forward.
We, the undersigned,
. . .
(FRANÇAIS)
Le 8 août 2015, la CBC (Canadian Broadcasting Corporation) publia un article à propos de la persistance du terme « nègre » (ou « nigger ») dans la toponymie provinciale officielle servant à désigner plusieurs espaces naturels au Québec. L’article est archivé ici : http://www.cbc.ca/news/canada/ottawa/quebec-considers-removing-n-word-from-11-place-names-1.3184317
Il est à noter que le directeur de la Commission de toponymie du Québec déclare que le bureau en charge de gérer les noms des différents sites du Québec « considérait » retirer les mots « nigger » et « nègre » des 11 lacs, rivières, ruisseaux et rapides portant toujours aujourd’hui l’un de ces mots dans sa désignation officielle. Jean-Pierre LeBlanc, porte-parole de la Commission de toponymie, mentionne à ce propos qu’il n’y a eu que peu de « pression de la part du public » pour changer les noms de ces cours d’eau. Il ajoute de plus que Nigger Rapids, qui se trouve dans la municipalité de Bouchette, aurait été nommé afin « d’honorer » la « mémoire d’un couple noir s’étant noyé » dans les rapides au début du vingtième siècle. Un tel argument, à l’instar de celui du maire de Bouchette Réjean Major et de quelques-uns de ces concitoyens qui défendent également un tel usage du mot « nègre » dans la toponymie des sites naturels, est non seulement profondément honteux et simpliste, mais aussi anhistorique.
Tout comme le mot « nigger », le mot « nègre » au Québec est un terme servant à rabaisser et dévaloriser les personnes de descendance africaine. Le terme est offensant et injurieux au présent, comme il l’était au passé. Si plusieurs prétendent que l’étymologie du mot « nègre » en français serait plutôt bénigne (par opposition au terme anglais « nigger »), une telle lecture est en fait erronée, et l’histoire du Québec en témoigne. La rivière Niger, situé près de Sherbrooke sur un site historiquement occupé par une importante concentration de personnes noires, était officiellement appelée jusqu’en 2006 « rivière Nigger ». À ce propos, plusieurs historiens et intellectuels locaux, incluant Pierre Vallières, qui a popularisé à partir de la fin des années soixante cette troublante notion faisant du Québécois un soi-disant « nègre blanc, » s’accordent pour dire que les invocations les plus connues du mot « nègre » au Québec renvoie en effet au terme « nigger. » Dans le contexte des deux exemples cités plus haut, il est clair que « nègre » et « nigger » sont utilisés de manière interchangeable en tant qu’épithètes injurieuses et racistes servant à désigner les personnes de descendance africaine au Québec. La « rivière Nigger » constitua, des années durant, un nom officiel acceptable pour désigner une rivière dont le nom était attaché à l’historicité des personnes noires ayant jadis vécu sur ce site naturel. À la lumière de la longue histoire du racisme anti-noir et de l’esclavagisme au Québec, il est somme toute assez clair que le terme « nègre » a eu pour intention de rabaisser celles et ceux qu’il devait désigner. Cette histoire de l’esclavagisme et du sentiment anti-noir au Québec est déjà bien documenté dans les travaux d’historiens et d’intellectuels ayant étudié la Nouvelle-France et le Québec, incluant les travaux de Marcel Trudel, Charmaine Nelson, Sarah-Jane Mathieu, Gina Thésée, Beverley Mullings, June Bertley, Dorothy Williams, Sean Mills, Bruno Cornellier, Darryl Leroux, Brett Rushforth et plusieurs autres dont l’énumération serait trop longue.
Les représentants de l’État et les faiseurs d’opinion au Québec ont tendance à trop facilement balayer du revers de la main l’héritage du racisme, du colonialisme et du privilège blanc au Québec, sous prétexte que le groupe francophone dominant aurait lui-même été historiquement victime du colonialisme britannique et de ses institutions. Or, cette histoire de luttes contre l’élite anglo-saxonne doit maintenant être conciliée avec le fait que la présence française en terres autochtones origine elle-même d’une entreprise coloniale. De plus, cette histoire de résistance contre le colonialisme britannique ne peut non plus servir d’alibi qui permettrait d’effacer ou d’ignorer une longue histoire de discriminations et de sentiments anti-noirs au Québec, comme si le racisme anti-noir n’était qu’un problème limité aux états confédérés sudistes. Alors que le Sud des États-Unis a récemment et tragiquement été appelé à témoigner des cicatrices laissées par un « passé » violent – par exemple dans les drapeaux comme dans la toponymie des lieux – il serait somme toute révélateur si le Québec, au nom de sa propre vertu, se refusait quant à lui à se soumettre au même exercice.
1. Nous demandons un retrait immédiat des mots « nigger » et « nègre » de tous les lieux et noms gouvernés par la Commission de toponymie du Québec.
2. Nous demandons également une note écrite officielle de la Commission de toponymie sur son site web reconnaissant que les mots « nigger » et « nègre » dans le contexte historique du Québec constituent des termes injurieux qui, au passé comme au présent, ont été utilisés à l’encontre des personnes de descendance africaine et caribéenne, de même que toutes celles et ceux s’identifiant comme personnes noires. Les nouveaux toponymes des lieux qui portent actuellement les mots « nigger » ou « nègre » doivent se référer à l'histoire des Québécois noirs qui ont été réduits en esclavage ou ont vécu et sont morts à ces sites naturels sacrés.
3. Finalement, et crucialement, nous insistons pour que les rapides aujourd’hui appelés « Nigger Rapids » soient officiellement renommés de manière à honorer la mémoire des morts, plus spécifiquement la mémoire du couple noir s’étant démené pour leur survie dans ce courant d’eau, avant d’y mourir noyé en 1912. Nous voulons connaitre leurs noms, tout comme nous connaissons les noms de Champlain, Cartier et les autres, en tant que traces mémoriels de véritables êtres humains ayant vécus et mourus au Québec, et par opposition à l’injure raciale ou ethnique servant toujours aujourd’hui à marquer leur présence. Nous demandons que soit nommé le nom de ces deux êtres humains afin que l’on puisse porter leur mémoire dans l’avenir.
Nous, les signataires,
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