À L'ATTENTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES SUR LA SITUATION CRITIQUE AU BURUNDI.
Objet:Indignation sur la situation politico-sécuritaire au Burundi.
Monsieur le Secrétaire Général,
En tant que communauté de burundais vivant au Canada, pays dans lequel vous représentez la prestigieuse institution qu’est l’Organisation des Nations Unies, nous voudrions vous demander de porter plus haut notre voix pour attirer l’attention des Nations Unies sur la situation politico- sécuritaire qui risque de dégénérer en catastrophe au Burundi.
En effet, Monsieur le Secrétaire Général, malgré les efforts fournis par les Burundais, la communauté internationale et en particulier l’ONU pour ramener la paix au Burundi à travers un accord de paix conclus après de longues négociations des protagonistes et une guerre sanglante qui a emporté des centaines de milliers de vies humaines, le Burundi risque de replonger dans le chaos.
À la veille des élections prévues au milieu de l’année2015, les tensions ne cessent de monter entre le parti présidentiel et les partis d’opposition. Cette situation s’envenime davantage par la partialité non voilée de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dont le penchant au côté du parti au pouvoir s’est déjà manifesté dans l’enrôlement des électeurs en cautionnant une tricherie généralisée dans la distribution des cartes nationales d’identité.
Monsieur le Secrétaire Général, en 2010, les élections organisées par la même commission ont été entachées de plein d’irrégularités, conduisant au retrait de l’opposition du processus électoral. Ces élections ont été suivies par des exécutions extrajudiciaires massives ainsi que des emprisonnements arbitraires des militants de l’opposition. C’est dans cette foulée que certains leaders de l’opposition ont été contraints à s’exiler, craignant pour leur sécurité.
Pourtant, dans la correspondance que la coalition de ces partis avait adressée au Secrétaire Général des Nations Unies en date du 8 juin 2010, ils avaient demandé l’intervention de l’Organisation des Nations Unies « dans la crise politique consécutive au hold up électoral du 24 mai 2010 au Burundi ». Chose qui n’a pas été faite. Cette triste expérience, associée au rôle d’observateur impuissant qu’a joué l’ONU face au génocide du Rwanda, risque de rendre sceptique le peuple burundais quant à la capacité de l’ONU d’assurer son rôle de garant des droits de l’homme, de la paix et de la sécurité des peuples.
Les Burundais avaient salué la résolution du conseil de sécurité S/RES/2137 (2014) sur le Burundi, surtout en son point six, portant sur la création d’une mission chargée de suivre le processus électoral au Burundi et d’en rendre compte avant, pendant et après les élections de 2015. Cependant, ils ne pourront avoir confiance en cette mission que si cette dernière prend des mesures concrètes pour endiguer les tricheries massives qui se sont déjà manifestées dans le processus d’enrôlement des électeurs. Le peuple Burundais est fatigué et risque de recourir à desvoies qui mettent les vies humaines en danger pour arracher et recouvrer ses droits et libertés si rien n’est fait.
Monsieur le Secrétaire Général, le Burundi est dans un tournant délicat et mérite une attention particulière. C’est dans cette optique que nous lançons un cri d’alarme pour que l’ONU et tous les bailleurs de fonds exercent une pression réelle sur le gouvernement en place pour :
1. Réorganiser la distribution des cartes d’identité à tous les burundais qui en ont l’âge requis;
2. Reprendre l’enrôlement des électeurs sous la supervision des organisations des droits de l’homme et des mandataires des partis politiques;
3. Garantir l’ouverture de l’espace politique équitable pour tous en vue d’assurer des élections libres, transparentes et véritablement démocratiques;
4. Libérer tous les prisonniers politiques;
5. Cesser de harceler les militants des droits de l’homme et des journalistes;
6. Arrêter les tracas judiciaires qui empêchent les leaders des partis politiques de participerdans la compétition électorale;
7. Sévir contre les actes d’intimidation et deharcèlement menés par la jeunesse(Imbonerakure) du parti au pouvoir contre les militants des autres partis, les défenseurs des droits de l’homme et la population.
Dans l’espoir que notre cri d’alarme retiendra votre attention et nous tenant à votre disposition pour toute information complémentaire, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Secrétaire Général, l’assurance de notre très haute considération.
Burundians In Action Canada
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