Oui à l'enseignement en anglais en sciences humaines et sociales
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Oui à l'enseignement en anglais en sciences humaines et sociales

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Chercheurs et enseignants en linguistique, philosophie et sciences sociales, nous voulons manifester notre soutien à la disposition prévue par la loi Fioraso qui autorise l’usage d’une langue étrangère comme langue d’enseignement dans les cursus universitaires français, ainsi que pour la rédaction des mémoires de master et des thèses. Dans nos domaines spécifiques de recherche, l’anglais est de loin la langue la plus utilisée dans les revues scientifiques et les colloques internationaux. C’est aussi en anglais que nous discutons avec nos collègues du monde entier. Par ailleurs, nos étudiants de master et de doctorat viennent souvent de l’étranger et ne parlent pas toujours français en arrivant. Pour ces deux raisons (la recherche se fait principalement en anglais, et le recrutement des étudiants vise à être international), il est essentiel de pouvoir utiliser l’anglais comme langue d’enseignement. De ce point de vue, la loi ne fait qu’entériner une situation de fait. Dans nos enseignements, nous utilisons conjointement le français et l’anglais, d’une manière très souple. Très souvent, par exemple, nous utilisons des documents de cours en anglais et permettons que les discussions se tiennent en anglais, tout en faisant cours en français. Dans d’autres cas, nos enseignements se font entièrement en anglais. Cela nous permet d’offrir un environnement accueillant aux étudiants étrangers ne maîtrisant pas le français, et en même temps d’accoutumer nos étudiants français à la pratique de l’anglais, qui est la langue dans laquelle ils auront à écrire leurs articles scientifiques et à présenter leurs recherches. Nous sommes parfaitement conscients que les pratiques que nous décrivons n’ont pas cours dans tous les secteurs des sciences humaines et sociales, et nous ne prétendons nullement les ériger en modèle. La disposition contestée, cependant, n’impose en rien l’usage d’une langue étrangère, elle se contente simplement de l’autoriser. Interdire l’usage d’une langue étrangère comme langue principale d’enseignement, ce serait imposer de l’extérieur une norme qui entrerait directement en conflit avec notre mission de transmission du savoir et de diffusion de nos recherches. Loin de représenter un danger pour la langue et la culture françaises, la possibilité d’utiliser l’anglais est au contraire nécessaire pour rendre attractif notre enseignement, tout particulièrement pour ce qui concerne la formation à la recherche en deuxième et troisième cycles. Les étudiants de master et doctorat qui viennent en France finissent pour certains par s’y établir. D’autres quittent la France et font ainsi connaître à l’étranger la qualité de la formation qu’ils ont reçue. Ces échanges internationaux sont ainsi essentiels au rayonnement de la culture et de la recherche françaises. L’un des contre-arguments souvent énoncés serait que la disposition contestée ferait peser une menace sur la langue française. Cela nous paraît témoigner d’une certaine confusion concernant ce qu’est véritablement une langue menacée. Le français, en réalité, n’est en rien une langue menacée, à l’inverse du Breton, du Yiddish, ou du Navajo (une langue est considérée comme menacée lorsque la population qui la parle est très réduite, et lorsque qu’elle n’est plus parlée que par les vieilles générations, ce qui l’empêche d’être transmise). L’allemand non plus, d’ailleurs, alors même que l’enseignement en anglais est chose courante en Allemagne, où de nombreux masters en sciences humaines et sociales proposent la possibilité d’un cursus entièrement en anglais. En revanche, le rayonnement de la culture française serait amoindri si l’on bridait les enseignants et chercheurs qui jugent nécessaire l’usage de l’anglais. Ce serait là une forme de repli qui, loin d’être propice au rayonnement de la culture française, contribuerait au contraire à l’isoler

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